Pour mémoriser efficacement, est-il préférable de créer des liens rationnels ou irrationnels ?
La Méthode Martinez repose, entre autres, sur l’association d’éléments connectés entre eux par des “liens”. Or, on me demande souvent s’il est préférable de créer des liens “rationnels” ou “irrationnels” pour une mémorisation optimum ?
Lien rationnel versus lien irrationnel
Tout d’abord, rappelons la différence entre un lien rationnel et irrationnel. Un lien rationnel fait appel à un référentiel déjà connu. Par exemple, il vous sera facile de retenir votre numéro de carte de crédit, s’il s’agit de la date de naissance de votre enfant ou de votre conjoint.
Un lien irrationnel quant à lui sera conçu en utilisant une approche loufoque.
Reprenons l’exemple de la carte de crédit. Si vos deux premiers chiffres sont un “1” et “8”, vous pourrez alors imaginer un guerrier “Hun” avec son casque galopant vers l’infini dont le symbole est un “8” couché.
La force des liens
Pour moi, l’idéal est d’être capable de créer les deux types de liens car ils n’ont pas la même force.
Un lien rationnel sera à prioriser si vous en avez un à disposition. Ce qui peut être le cas quand on maîtrise déjà bien ce que l’on doit apprendre. C’est d’ailleurs ce que j’entends souvent de la part des experts : « Pas besoin d’apprendre si vous comprenez : vous retiendrez ! ».
En médecine, certains professeurs disent, par exemple : “Pas besoin d’apprendre les réactions de chimie, une fois que vous avez compris les mécanismes, ça vient tout seul.” Ou encore en maths : “C’est trivial cette démonstration, une fois que tu as compris la logique du raisonnement.”
Je vous avoue que je ne suis pas vraiment d’accord avec ce genre d’arguments et je vais vous dire pourquoi.
Les étapes du processus d’apprentissage
Avec la phrase « Pas besoin d’apprendre si vous comprenez : vous retiendrez ! », on sépare le processus d’apprentissage et de celui de la compréhension. Alors que la compréhension fait partie de l’apprentissage.
La Méthode Martinez se décompose en quatre sous-processus : motivation, compréhension, mémorisation et ancrage. Cette approche peut être avantageusement complétée par celle décrite dans le schéma ci-dessous.
Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Four_stages_of_competence
Se basant sur ce modèle, on comprend aisément qu’un expert se situe au niveau de “la compétence inconsciente”. À ce stade, il ne se souvient plus, qu’à un certain moment, apprendre a été difficile pour lui. Et c’est normal !
Nous constatons donc qu’au plus nous sommes spécialiste d’un domaine et plus il sera facile de créer des connexions rationnelles tout simplement car nous sommes en terrain connu et qu’il nous est facile de nous “raccrocher” à un univers familier.
Les liens loufoques au secours des planètes inconnues
Mais heureusement que nous pouvons également recourir aux liens loufoques. Ils nous sont particulièrement utiles en terra incognita. En effet, plus l’univers nous est étranger, plus nous aurons recours à ces liens irrationnels. Liens aberrants du point de vue de l’expert, mais fort utiles pour le profane.
Dans un univers où nous avons peu de repères, il est très difficile de connecter la nouvelle connaissance qui arrive. Alors que dans un domaine où nous maîtrisons de nombreux éléments, il sera aisé de trouver des points d’ancrage et donc de déduire la nouvelle connaissance apprise. En fait, plus on est expert… plus il est facile d’augmenter son expertise.
Mais il faut bien commencer un jour ! Et les liens loufoques sont là pour créer les premières connexions. En poussant le raisonnement, on s’aperçoit que ces “primo” connaissances pourront servir à leur tour, après ancrage, à mémoriser de manière rationnelle.
Entretenez votre âme d’enfant !
Nous vivons dans un monde qui fait la part belle à la rationalité. Et pourtant, c’est bien d’imagination et fantaisie dont nous avons besoin pour mémoriser en univers inconnu. C’est pourquoi dans mes livres et formations, je mets l’accent sur ces liens irrationnels, pour que l’on “ré-entraîne” notre imagination.
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