MEMO Talks #4

Le pouvoir des exemples concrets pour mémoriser des notions abstraites

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Nous avons résumé l’ensemble de cette conversation ci-dessous.

 


Le point de vue/difficultés des apprenants 🔒

Lorsque nos apprenants (pendant nos formations) mémorisent ensemble avec le formateur, cela ne leur pose pas de problème. C’est lorsqu’ils doivent mémoriser seuls, appliquer les stratégies de mémorisation, les associations, ce n’est pas aussi fluide !

Le plus difficile c’est de rendre l’abstrait ⇒ concret car la plupart des méthodes de mémorisation sont basées sur des associations sensorielles, visuelles, etc.

Pour les débutants, ça marche pour la liste de courses, pour les exemples utilisés pendant nos formations, mais comment faire pour ma leçon d’allemand, de physique ou un concept un peu plus compliqué comme des formules ?

Définitions ​💡

Les exemples concrets font partie des 6 grandes stratégies d’apprentissage qui sont prouvées scientifiquement.

Il s’agit d’utiliser des exemples spécifiques pour comprendre des idées abstraites.

On connaît des grands penseurs comme Einstein, leur force est d’être capable de donner des exemples précis et de vulgariser des notions complexes. Dans cette optique, on aura tendance à utiliser des analogies mais il faudra faire attention au niveau de profondeur, ne pas trop rester superficiel.

Sébastien donne l’exemple de chiffres que l’on mémorise sans problème, une fois qu’ils sont devenus « concrets ».

Par exemple : 75 = c’est Paris, 51 = c’est le pastis, 1998 = c’est la coupe du monde de football, une date d’anniversaire, etc.

Il donne également l‘exemple du Sacre de Cléopâtre. Pour s’en rappeler, il imagine Cléopâtre qui boit un verre de pastis bien gelé à -51.

Ce que dit la science 📚

En utilisant des images concrètes, l’apprenant va mieux retenir mais va aussi mieux comprendre.

Guillaume fait référence à une étude de Rawson publiée en 2014 : « le pouvoir des exemples ». Les exemples illustratifs améliorent l’apprentissage conceptuel des concepts déclaratifs.

Qu’est-ce qu’un concept déclaratif ?

Il y a 2 types d’information :

  1. les informations déclaratives : ce sont des connaissances théoriques (ex : des faits, des lois, des règles, des dates, le code la route, etc.). En mémoire déclarative, si je vous dis « le petit chien brun dort », les informations déclaratives activées sont : c’est quoi la notion d’un chien ? C’est quoi la couleur brune ? La notion de dormir ?
  2. les informations procédurales : c’est comment mettre les choses dans l’ordre (faire du vélo), connaître une procédure (faire du café). Pour « le petit chien brun dort » on sait que « dormir » est un verbe intransitif donc il ny a pas de COD, on sait que c’est le sujet qui fait l’action, qu’il précède le verbe.

Un concept déclaratif est donc une notion abstraite, l’expérience de Rawson est de savoir comment des exemples concrets peuvent aider à mémoriser ces concepts.

Ainsi, on a demandé à des étudiants d’étudier des notions déclaratives, des idées, des définitions de concepts d’idées.

Pour un groupe, une fois ces définitions étudiées, on leur a donné des exemples pour illustrer ces concepts. Pour l’autre groupe, on leur a juste donné plus de définitions, plus d’informations.

Le test consistait à demander aux étudiants s’ils étaient capables d’identifier tel ou tel concept et le groupe ayant bénéficié d’exemples illustrés, leur performance était largement supérieure à celle de l’autre groupe. Les exemples pouvaient être des histoires, des slides, des photos, description d’une expérience qui illustre un concept.

L’expérience a démontré que :

  • les exemples sont plus pertinents après les explications, la définition
  • la variété des exemples apportés est également importante
  • plus les exemples sont personnels, mieux ils sont retenus sur le long terme (c’est ce que nous mettons en pratique lors de notre formation « booster sa mémoire »).

Dans le cas de la transmission d’une méthode d’apprentissage (ex : la technique du palais mental), nous n’avons pas besoin de la définir en amont, nous allons transmettre la pratique (on va créer des associations dans un lieu).

Sébastien donne l’exemple de ses enfants, qui ont 5 ans et 2 ans et demi. Il leur apprend à mémoriser avec la méthode du palais (en savoir plus ⇒ vidéo palais de mémoire). Quand ils prennent des objets/éléments qu’ils ne connaissent pas, évidemment ils ne vont pas s’en souvenir. Il utilise alors un jeu de cartes avec des images (ex : un chat, une veste, etc.). En posant les cartes physiquement, cela les aide à visualiser des exemples concrets.

Les exemples concrets rendent l’apprentissage plus vivant et d’un point de vue cognitif si nous n’avons pas d’images, nous ne pouvons pas retenir.

Guillaume donne l’exemple d’une chercheuse/enseignante en psychologie cognitive qui disait que ses étudiants sont un peu perdus quand on leur parle du concept de « gratification différée ».
Par contre, si on leur parle de l’expérience du chamallow : vous donnez des bonbons à des enfants en leur disant « je m’absente et je reviens dans 5mn, si vous ne les mangez pas, je vous en donnerai 2 en revenant ! », c’est très concret ! Tout le monde connaît l’expérience mais pas forcément la notion qu’il y a derrière.

Cependant, il faut faire attention à ce que l’apprenant ne retienne pas que les détails de surface ! Si on demande aux étudiants 6 mois plus tard : alors qu’avez-vous retenu du cours ?
Les réponses vont être « ah oui vous nous avez parlé des bonbons…», ils n’ont retenu que les chamallows !

Pour éviter cela, il faut s’assurer que l’apprenant comprenne bien l’idée sous-jacente. Il faut lui demander de réexpliquer, il faut le tester, faire des révisions espacées, etc.

Exemple de mise en application

Dans le cadre de son intervention auprès d’étudiants de l’IUT de Montpellier, Sébastien souhaite les aider à mémoriser au moins 83 éléments chimiques du tableau périodique grâce à un palais de mémoire.
Un élément chimique, ce n’est forcément pas concret puisqu’on ne les voit pas. Comme c’est une liste importante, il fera des salles de 10 comme ça si on cherche le nom de l’élément n°51, c’est déjà plus facile. Il placera ensuite des associations concrètes dans chaque arrêt.

 

Les conseils 🔑

  • trouver des exemples/associations concret(e)s et les utiliser, il suffit juste de les connaître.
  • bien souvent les apprenants donne une association en pensant que c’est concret alors que non ! Pensez à une personne, un objet, une action, un lieu. Cela peut-être un exercice de pensée comme d’imaginer Einstein assis sur un photon et qui part dans l’espace pour illustrer une de ses théories.

Les scientifiques recommandent :

  • de récupérer les exemples que les professeurs utilisent, trouver dans les supports de cours autant d’exemples que possible
  • faire le lien entre les idées étudiées et chaque exemple
  • partager un exemple (l’art de la réexplication à soi-même ou à quelqu’un d’autre)
  • attention, on peut trouver sur Internet des exemples qui ne sont pas utilisés de la bonne façon. Il faut s’assurer qu’ils soient corrects mais l’idéal est de créer ses propres exemples pertinents qui seront plus efficaces pour retenir sur le long terme
  • faire un exposé car on retient toujours plus facilement ce qu’on a exposé à voix haute

CONCLUSION :

Les exemples concrets vont permettre de simplifier l’apprentissage en le rendant plus ludique, plus accessible mais cela n’enlève pas l’effort !

D’après les témoignages d’enseignants que Sébastien a recueillis, ils ont l’impression que de nos jours, les élèves n’ont plus envie de faire des efforts car ils évoluent dans une société de « l’ultra-confort ». Nous mettons l’accent sur la notion d’effort mais prendre du plaisir dans l’effort. Effectivement aujourd’hui, on a tout à proximité d’un clic, on entend de plus en plus : mais pourquoi aurais-je besoin de retenir quelque chose ?

Il y a d’un côté les informations purement déclaratives, purement abstraites qu’on va nous demander de restituer. Le plus dur, c’est lorsqu’on est confronté à un problème. Quelles notions/formules/concepts vais-je utiliser pour arriver à une solution pour expliquer cela ?

L’objectif ce n’est pas de devenir des encyclopédies vivantes mais de raisonner, trouver des solutions et produire un travail.

Les exemples concrets permettent de mieux retenir sur le long terme et améliorent également la compréhension. Ils soulignent l’importance de l’apprentissage, plus on donnera des exemples concrets, plus l’apprenant va comprendre.

N’hésitez pas à nous envoyer vos suggestions pour nous aider à choisir d’autres thématiques de discussion !


Ressources :

La source préférée de Guillaume : www.learningscientists.org

Bibliographie :

Rawson, K. A., Thomas, R. C., & Jacoby, L. L. (2014). The power of examples: Illustrative examples enhance conceptual learning of declarative concepts. Educational Psychology Review, 27(3), 483–504.